Discours du ministre Stef Blok à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire de la signature du traité instituant la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier (CECA)

Chers collègues,

C’est un honneur de m’adresser à vous en ce jour festif. Et un grand plaisir de vous revoir. 

Cela fait 70 ans aujourd’hui que nos devanciers ont signé une page blanche.

Littéralement.

Les négociations du traité de Paris s’étaient tellement éternisées qu’au moment suprême, dans le salon de l’Horloge, aucun texte officiel n’était prêt. Et les six ont donc signé une feuille vierge.

Ce moment particulier a posé les fondations de notre histoire commune. Et il caractérise en même temps notre identité, d’hier et d'aujourd’hui. Car, si la feuille était vierge, l’expérience des hommes d’État présents, elle, ne l’était pas.

Ils avaient apporté avec eux au salon de l’Horloge un lourd bagage.

Le souvenir encore vivace d'une guerre destructrice et le souhait commun de ne plus jamais vivre ça. Le souvenir aussi de la crise des années 30 et la certitude que la coopération est le meilleur remède contre la pauvreté.

Mais aussi une bonne dose de défiance, y compris du côté néerlandais, face à la perte de souveraineté. 

Et pourtant ils ont signé et sauté ainsi ensemble dans l’inconnu.

Cet état d'esprit caractérise encore nos pays, les membres fondateurs, jusqu’au jour d’aujourd’hui.

Nos intérêts communs l’emportent toujours sur nos inquiétudes ou nos doutes.

Nous ne baissons jamais les bras.

De nouveaux défis se présentent constamment qui nous obligent à sauter de nouveau dans l’inconnu.

C'est précisément la raison de notre rencontre d'aujourd’hui.

Pas dans le magnifique salon de l’Horloge, certes, mais depuis nos domiciles respectifs ce dimanche.

Car nous percevons un intérêt commun.

L’Europe nous donne la liberté, la prospérité et la sécurité. C’est pourquoi une Union forte et durable, constituée d’États membres solides, est dans notre intérêt à tous.

Une Union lucide sur le contexte géopolitique dans lequel elle opère. Une Union au sein de laquelle nos valeurs et l’État de droit démocratique sont respectés.

En tant qu’héritiers des six fondateurs, nous apportons notre propre bagage.

Nous constatons à quel point le monde qui nous entoure est de plus en plus menaçant et imprévisible.

Partout dans le monde, la pandémie laisse derrière elle une traînée de misère, tandis que notre planète continue de se réchauffer avec une rapidité fulgurante.

Ce sont autant de problèmes que nous ne pourrons résoudre qu’ensemble, en États forts, au sein d’une Union forte, qui s’attaquent de façon solidaire et avisée aux défis communs, et qui défendent ensemble nos intérêts dans le monde.

Le Pacte vert, dont nous parlons aujourd’hui, cadre avec l’action néerlandaise au sein de l’Union européenne.

C’est le moyen unique d’assurer notre avenir et de renforcer notre compétitivité et notre capacité d’innovation, pour œuvrer ensemble à une économie durable, et préparer la reprise économique après la crise du Covid-19.

Pour ce faire, les États membres doivent relever eux-mêmes le gant. Il nous faut moderniser nos économies et lancer des réformes, avec la transition énergétique comme force motrice, et les plans de redressement et le cadre financier pluriannuel comme outils.

Vous et moi mesurons très bien aussi l’énorme importance de la dimension géopolitique.

Prenez la taxe carbone aux frontières, qui doit protéger notre Europe toujours plus verte d’un monde encore gris. Elle ne peut réussir que si nous gardons le contexte géopolitique à l’esprit en alignant nos projets sur les directives de l’OMC en dialoguant avec nos partenaires internationaux et en réalisant ces projets pas à pas.

Les tensions commerciales ne profitent à personne.

Enfin, le Pacte vert ne pourra réussir que dans une Union transparente et efficace, au sein de laquelle l’État de droit est respecté.

Car ce principe est au cœur de l’ensemble de la coopération européenne. Faute de respect de nos valeurs communes, la confiance fondatrice de notre Union finit par se rompre.

Cela implique que nous devons passer des accords, et les respecter, sur la base des procédures prévues à l’exemple de la réduction d’au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.

Si nous y parvenons, l’objectif suivant sera à portée de main.

En 2050, exactement 1 an avant le centenaire du traité de Paris, nous prouverions par une Union européenne climatiquement neutre, l’importance que peut prendre une page blanche qui s’est avérée le point de départ d’une coopération dont la pertinence ne s’est jamais démentie.

Depuis le charbon et l’acier, vers un avenir vert !